L’empereur abyssinien Négus interrogea Ja’far Ibn Abî Tâlib quant à ce message dont les musulmans étaient porteurs et à la raison de leur émigration en Abyssinie, il répondit : « Ô Roi ! Nous appartenions auparavant à la Jâhiliyya, nous adorions des statues, nous consommions de la chaire morte, nous commettions des actes infâmes, nous rompions les liens de parenté, nous manquions de respect envers le voisinage ; le plus fort parmi nous écrasait le plus faible ; nous demeurâmes ainsi jusqu’à ce que Dieu suscite parmi nous un messager dont nous connaissons l’ascendance, la véridicité et la dignité. Il nous invita à la clémence de Dieu par Son adoration exclusive et que nous nous affranchissions de ce que nous – ainsi que nos aïeuls – adorions, en dehors de Lui, comme pierres et idoles. Il nous ordonna aussi l’honnêteté, de restituer les dépôts, d’entretenir nos liens de parenté et d’honorer nos voisins, de même qu’il nous recommanda de ne pas attenter à l’honneur et à la vie d’autrui. Tout comme il nous défendit de verser dans la turpitude, les propos mensongers, de dilapider les biens d’un orphelin et d’accuser de turpitude une femme chaste et innocente ; il nous enjoignit également de veiller à la prière, à l’aumône et au jeûne. Nous crûmes fermement en lui et en son message et le suivîmes. Notre peuple manifesta de l’hostilité, nous persécuta alors et nous fit subir de lourdes épreuves afin de nous détourner de notre religion et de nous ramener à l’adoration des idoles. Il voulait que nous nous remettions, comme jadis, à la débauche. Et lorsqu’il eut le dessus sur nous et qu’il nous opprima, nous rendant la vie dure et nous empêchant de vivre notre foi, nous nous rendîmes dans ton pays, te choisîmes parmi bien d’autres et nous eûmes le désir de jouir de ton voisinage, avec l’espoir de ne pas être opprimé chez toi, cher monarque. » {Al-Dhahabî, Siyar a’lâm al-nubalâ’, t.1, p.443.}