Question : La cigarette est-elle permise en Islam ? Ou bien est-elle Harâm ou Makrouh ? Réponse : La cigarette n’existant pas (sous sa forme actuelle) à l’époque du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), c’est pour cette raison qu’il y a eu quelques divergences entre les savants musulmans au sujet de son statut légal. Tandis que certains Oulémas soutenaient à une certaine époque que fumer est un acte blâmable (Makrouh), la plupart des savants s'accordent à considérer aujourd'hui, eu égard des données médicales (et autres...) disponibles, que la cigarette est strictement "Harâm" (interdite). Ils justifient cette interdiction par les arguments suivants: - Allah, faisant allusion à différentes responsabilités dont le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) était chargé, dit dans un verset : " Il leur ordonne le convenable., leur rend licite les bonnes choses, leur interdit les mauvaises… " (Sourate " Al A’râf "- Verset 157). Comme il ne fait aucun doute que la cigarette fait partie des "mauvaises" choses (à cause des maux qu’elle entraîne, mais aussi à cause de son effet néfaste sur l’haleine du fumeur..), on peut donc déduire à partir de ce verset son caractère illicite. - " Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction. " (Sourate " Al Baqara "- Verset 195). Il y a une règle générale qui a été déduite à partir de ce verset: Il n'est pas permis au musulman de consommer quoique que soit qui puisse mettre sa vie en danger, que ce soit immédiatement ou progressivement... Sont ainsi concernés par cette interdiction les différents types l'absorption de poison ou de toute autre substance qui nuit à la santé. Quand on fait le rapprochement entre ce verset et le principe qui en a été déduit avec les multiples méfaits que fumer cause à la personne humaine, aussi bien sur le plan physique (les méfaits de la cigarette sur le plan médical ne sont plus à prouver ; chaque emballage nous le rappelle: "Fumer provoque des maladies graves..."), que psychique (la fameuse dépendance du fumeur), on ne peut qu'arriver à la conclusion logique que cet acte est synonyme de se "jeter de ses propres mains dans la destruction", et qu'il est à ce titre interdit. - Le fait de dépenser de l’argent pour l’achat de cigarettes relève sans aucun doute des dépenses inutiles. Et le gaspillage est prohibé de façon très explicite dans nos références premières: " … et ne gaspille pas indûment. Car les gaspilleurs sont les frères des diables… " (Sourate " Al-Isrâ "- Versets 26-27). Enfin, la personne qui fume ne porte pas préjudice uniquement à sa personne: Par son geste, il nuit également à la santé de ceux qui l'entourent... Les méfaits du tabagisme passif sont régulièrement dénoncées par les organismes spécialisés: Lire par exemple l'article suivant: "Le tabagisme passif tue..." Wa Allâhou A'lam ! Et Dieu est Plus Savant ! Cheikh Mohammed Patel source: muslimfr -AQ- Patel Mouhammad Bangi Notes: Comparaison avec la cigarette Une séance de narguilé expose généralement les fumeurs à une quantité de fumée plus grande que pour les fumeurs de cigarette : en effet, un fumeur consomme généralement une cigarette en 5 à 7 minutes, inhalant un volume de fumée compris entre 0,5 et 0,6 litre de fumée ; en comparaison, un fumeur de narguilé fume pendant 20 à 70 minutes et inhale entre 50 et 200 bouffées de 0,05 à 0,25 litre chacune. Une séance de narguilé expose donc le fumeur à un volume de fumée correspondant à plus de 100 cigarettes par session7. La concentration plus réduite de nicotine dans la fumée de tabamel peut amener les fumeurs dépendants au tabagisme à inhaler plus de fumée pour soulager leur manque. Ceci les expose à une quantité de produits chimiques cancérogènes et de gaz dangereux (tels le monoxyde de carbone) élevée, d'autant qu'une partie de la nicotine est absorbée par l'eau. Selon une étude, une séance d'environ 45 minutes délivre 20 fois plus de goudron, 2 fois plus de monoxyde de carbone, et 3 fois plus de nicotine qu'une cigarette. La nature du goudron est toutefois différente en raison d'une température de combustion plus basse. Selon une autre étude « si 30 à 50 bouffées sont prises dans la même soirée par chicha, cela signifie que le consommateur prend autant de fumée qu'avec 40 cigarettes. Des mesures montrent que l'augmentation du monoxyde de carbone expiré à la fin d'une chicha est équivalente à celle observée lors de la consommation de 30 à 40 cigarettes. ». Afin de limiter les effets néfastes sur la santé, des mélanges de plantes sans tabac sont aussi proposés. Ils restent toutefois nocifs dès lors qu'il y a combustion et donc production de monoxyde de carbone. Une autre alternative, le shiazo, pierres enduites d'huiles essentielles que l'on peut faire chauffer sans charbon, est apparue depuis peu ; le produit étant nouveau, sa nocivité est encore très mal connue.