Message de Bassim Khaber. Les Berrada ou la peopolisation de la mort Je voudrais commencer mon billet par présenter mes condoléances à la famille du défunt ainsi qu’à la grande famille de l’aventure familiale qu’est la marque Colorado. Néanmoins, j’avoue être perplexe devant la frénésie que connaissent le net et les journaux en publiant toutes les photos de familles disponibles ou à décrocher des murs « virtuels comme réels ». Au delà de l’émotion et de la solidarité que peut engendrer une mort aussi tragique, je trouve que dans les différents commentaires, messages et publications il existe une sorte de compétition pour paraitre le plus touché, le plus solidaire voir le plus proche de la famille. Un aspect scandaleux et morbide de frime s’installe en se targuant d’avoir un crash d’avion de nationalité marocaine. Comme si finalement, nous avons eu notre Aliyah à nous, morte dans des conditions similaires et restée dans la postérité suite aux conditions de son décès. S’il faut se rappeler du défunt, c’est plutôt pour son œuvre dans sa vie qu’aux conditions de son décès. La famille de Farid Berrada ne diffère pas des familles décédées à Tichka, à Essaouira ou dans les routes du Maroc, par contre l’œuvre de l’homme, successeur de son père, est inédite en faisant de cette marque un fleuron de l’industrie marocaine et en nourrissant chaque jour, des milliers de foyers en leur permettant de gagner leur vie décemment. Rendre hommage à l’homme passerait inévitablement par rendre hommage à son œuvre au lieu d’exhiber une vie de famille et une intimité. Je crois qu’il est temps de laisser ses proches faire leur deuil, au lieu de remuer la plaie à chaque fois en publiant de nouvelles captures d’un sourire ou d’une joie que ne reverront plus jamais la famille du défunt. Le respect de leur douleur passerait surement par le respect de leur intimité en laissant les photos de famille appartenir exclusivement à la famille. Contentons nous de sa vie publique et de son œuvre pour lui rendre le vrai hommage. D’ailleurs, chaque salaire versé par son entreprise à un de ses salariés reste à mes yeux le plus solennel des hommages pour ce grand monsieur qui a su gagner ses titres de noblesses à l’image de son père, feu Maitre Mohammed Berrada. C’est la raison pour laquelle je mets en avant plutôt l’image de sa marque que celle de sa petite famille. Nous sommes à dieu, et à lui nous retournons.